Entreprises-Associations :
Des liens à cultiver d’urgence

Il est des plantes médicinales qui poussent simplement, et qui ont un pouvoir de guérison reconnu. Bénéfique à de nombreux niveaux, le Mécénat de compétences en est une, et nous vous conseillons de vous adonner à sa culture. Les projets y fleurissent toute l’année, et les racines particulièrement profondes viennent puiser leurs forces dans le terreau de la Solidarité.

Pour une relance positive.

Alors que les entreprises sont en recherche de solutions pour leur reprise d’activité, profitons de l’élan solidaire de ces trois derniers mois et intégrons les programmes de mécénat de compétences aux stratégies de relance. La société de « l’après-covid », de « demain », tant décrite durant le confinement, est désormais à construire concrètement par des actes.

La société a plus que jamais besoin d’engagement solidaire

Le besoin de solidarité a été décuplé ces trois derniers mois. En effet la crise économique et sociale est venue agrandir la faille entre l’accroissement des besoins sociétaux et la diminution des ressources disponibles. Les entreprises ne sont pas les seules à avoir souffert, le secteur associatif a également subit le confinement de plein fouet. Depuis le 17 mars, d’après une large étude conjointement menée par Recherches et Solidarités en lien avec le gouvernement et le réseau national des maisons d’associations, seulement 22% des associations ont réussi à maintenir une activité minimale.

D’une part les séniors, qui constituaient la force vive des associations, ont été particulièrement touchés par le confinement. En tant que population « fragile », leur reprise d’activité sera vraisemblablement très progressive, laissant les associations en manque de bras.
D’autre part, les associations possèdent en général un taux relativement faible de CDI. Or difficultés économiques obligent, les CDD et les stages n’ont pas forcément été renouvelés.
L’organisation d’évènements est au cœur de bon nombre d’associations. Le confinement les a obligées à les annuler ou à les reporter.
Enfin, durant le confinement, les habitudes de donation ont été modifiées. En effet des dons envers certaines associations ont pu être redirigés vers d’autre jugées prioritaires, bouleversant les trésoreries.

Cela dit, la crise a révélé un incroyable élan solidaire. Entreprises, associations, particuliers, tous ont multiplié les initiatives pour venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Le 1er mars, le gouvernement annonçait 45 000 personnes mobilisées sur le terrain pour mener des missions d’aide alimentaire, de livraison, de garde d’enfants ou autres via la plateforme jeveuxaider.gouv.

Le déconfinement ne doit en aucun cas signifier l’arrêt de cet élan, et les acteurs privés peuvent être au centre de la dynamique de relance associative. Comment trouver des solutions qui permettent de réduire les fragilités et de faire émerger de nouveaux moteurs de croissance économique durable ?

Une entreprise engagée est une entreprise permettant à ses salariés de l’être

La citation prêtée à Carlos Ghosn selon laquelle  » maximiser le profit est l’unique raison d’être d’une entreprise  » semble aujourd’hui bien lointaine. D’après Emmanuel Faber, PDG de Danone, les frontières entre les entreprises, la société civile et les pouvoirs publics s’estompent. Les entreprises doivent agir dans des « champs d’expertise et d’inclusion qui dépassent le business as usual ».*

A l’heure où la loi Pacte invite les entreprises à se questionner sur leur « raison d’être » et  leur « mission », leur engagement peut prendre des formes diverses. La porte d’entrée la plus classique reste le mécénat. Le mécénat financier, largement employé depuis la loi Aillagon de 2003, le mécénat en nature et le mécénat de compétences. Si l’engagement des collaborateurs est un enjeu de différenciation concurrentiel, le mécénat de compétences transcende les quatre niveaux de la pyramide de l’engagement mise en lumière par l’institut Gallup en 2017.

Devenir une entreprise « engagée » est l’objectif n°1 des politiques RH depuis quelques années, Dès lors, le « social washing » est un piège à éviter, et la clé reste la sincérité. Bien que ses retombées permettent une valorisation RH (palmarès Great Place to Work, attractivité des talents, quête de sens des salariés…), le mécénat de compétences est avant tout un dispositif d’intérêt général. Son objectif est de répondre aux besoins d’associations œuvrant pour le bien public. Aujourd’hui, les associations se professionnalisent et leur besoin en compétences augmente. Compétences Juridique, RH, Communication, Graphisme, Comptabilité, il y a un réel besoin à combler. Toutes les compétences sont des biens publics et possèdent une utilité sociale !

De plus, le mécénat de compétences répond à l’objectif souhaité par le gouvernement dans le cadre de la réforme des retraites : maintenir les séniors dans l’emploi afin de faciliter les départs progressifs.

Vers une dynamique de Co-construction ?

Les liens tissés entre les associations et les entreprises s’inscrivent de plus en plus dans des logiques de co-construction. Jusqu’à l’innovation sociale ?

Si permettre à ses salariés de consacrer un certain nombre d’heures de travail à des associations est un premier pas, pourquoi ne pas imaginer des réponses communes lors d’appels d’offres, ou même la création de joint-ventures sociales ?

Aujourd’hui, il n’y a plus un seul problème sociétal qui puisse être résolu par une seule classe d’acteurs, pouvoir publics, business ou société civile. Dans ce débat, le digital a un rôle crucial à jouer. Facteur clé de l’émergence de la co-construction entre les entreprises et leurs réseaux, « la technologie numérique a réduit les coûts de transaction de l’approvisionnement, de communication et de collaboration. Il est désormais plus facile de trouver de bons partenaires, de communiquer avec eux, de découvrir ce qu’ils ont à offrir et de travailler avec eux »**.

Si les associations se digitalisent pour décupler leur présence sur internet, sensibiliser de nouveaux donateurs, tout en les fidélisant, le digital est aussi un vecteur important de la relation entreprise-associations. Les Fondations et entreprises l’ont également compris et ont amorcé leur digitalisation pour donner plus d’ampleur à leur programme de mécénat de compétences et leur faciliter la gestion au quotidien du suivi des missions des volontaires.

https://www.la-croix.com/Economie/Entreprises/Danone-sapprete-devenir-premiere-entreprise-mission-cotee-2020-05-20-1201095299

**https://www.planet.veolia.com/fr/pourquoi-la-coconstruction-devient-elle-incontournable